La classe de NSA du collège Pablo Neruda a accueilli Raccrocher Par les Médias (RPM) toute une matinée pour une rencontre
haute en couleurs sur l’école. Sentant le groupe un peu frileux et timide nous
avons préféré nous affranchir de la caméra pour mieux favoriser les échanges. Des
échanges extrêmement riches.
Perceptions de l’école d’ici et de là-bas, rêves d’avenir,
rapport à la sanction, rythmes scolaires, sens de l’école, et bien sûr
décrochage scolaire, malgré la barrière de la langue, les interactions ont été bon
train. Entre élèves, entre jeunes. Avec bonne humeur et dans un climat
bienveillant.
Pourquoi
l’école ?
Pour la majeure partie des NSA, l’école sert avant tout à
apprendre le français. Mamadou, qui même au Sénégal, n’aimait pas l’école, nous
confie qu’il a trouvé un sens pragmatique à l’école en se perdant un jour après
avoir pris le bus… Il n’arrivait pas à se retrouver et n’a pas su lire les
panneaux pour rentrer chez lui !
Awa, 13 ans, a elle un objectif très précis. La jeune
Malienne qui, jusque-là, n’avait jamais été à l’école de sa vie, veut devenir
docteur. Des ambitions, les élèves de NSA en ont plein, même si le principe du
diplôme leur est majoritairement étranger.
La classe compte pas moins de trois footballeurs
professionnels, un joueur de baseball, un enseignant, deux médecins, un
technicien d’ascenseur, un carrossier, un pâtissier, un mécanicien et une
cuisinière.
Le concept du « trop tard pour moi », des
lacunes impossibles à rattraper, souvent avancé par les élèves du groupe RPM
vole ici en éclat. Chacun reconnaît que tout leur est possible
« s’ils se donnent à fond », « si ils ont l’envie »,
estiment Mike ou encore Fiona.
La sanction ?
Et ce n’est pas qu’une question de comportement. « On
se fait frapper quand on n’a pas fait ses devoirs, quand on a un tâche sur nos
vêtements ou sur nos cahiers, même quand on a les ongles sales »,
explique Fatimata de Mauritanie.
Mais ils semblent presque tous quasi à l’aise avec ça. C’est
juste comme ça que ça se passe à l’école chez eux. Et tout le monde rit même
quand Ousmane raconte qu’au Sénégal « quand tu n’écoutes pas, ils (les
enseignants) te cassent », en joignant, avec un coup de poing dans sa
main, un geste sans équivoque à la parole.
Pour autant, s’il s’agissait de transposer le même système
en France, les avis sont partagés : 50/50.
L’école une chance ?
On s’imagine peut être que les enfants qui n’ont jamais
connu l’école la considèrerait comme une chance. En fait, pas vraiment. La vie
sans école ? « Le matin je dormais et l’après midi je sortais
dehors », se souvient tranquillement Adama. Sous les rires complices de
nos élèves décrocheurs qui se découvrent un étonnant point commun avec lui.
Mais ils se montrent plus circonspects quand ils apprennent
qu’ils sont jusqu’à 100 par classe. Forcément calmes sinon…
Côté soutien, les parents des NSA restent majoritairement derrière
leurs rejetons et les poussent à se montrer sérieux à l’école. « Les
parents me donnent le courage », explique Ousmane, tandis que deux autres
élèves révèlent que les leurs sont « fiers d’eux ».
Pour Dumy, ça n’est pas le même son de cloche :
« Mes parents ne m’encouragent pas. Ça fait trop longtemps que ça dure, ça
ne sert à rien ». Fiona avoue, pour sa part, que les siens « ont
renoncé ». Kenny lui n’en sait rien, car ils n’en parlent jamais ensemble.
Décrochage et rythme de
vie ?
Mamadou, comme nous le disions plus haut, n’aime pas
l’école. Mais pour lui le choix est simple : soit tu viens à l’école, soit
tu ne viens pas. Mais si tu viens c’est pour travailler, sinon autant ne pas
venir. Il ne comprend pas pourquoi certains élèves viennent faire de la
figuration au collège.
Fiona et Mélissa reconnaissent que quand il leur arrive de
sécher, le matin c’est pour rester dormir à la maison, mais l’après midi c’est
juste pour rester… à l’intérieur du collège !
Les matins difficiles elles connaissent, comme la plupart du
groupe RPM. Sans doute parce qu’ils se couchent presque tous, au mieux, entre
minuit et une heure, mais le plus souvent vers 4 ou 5 heures du matin. Mike révèle qu’il lui arrive même de faire des nuits
blanches ou de ne dormir qu’une heure par nuit. La faute à Facebook, Twitter ou
au téléphone portable…
En comparaison, la majeure partie des NSA se couche entre 22
et 23 heures. Et se lève vers 6 heures du matin, car peu d’entre eux habitent
Pierrefitte.
La journée de cours
idéale ?
Quand on interroge les élèves sur les horaires de cours
idéals, les résultats sont contrastés, mais des grandes familles se dégagent.
Il y a les minimalistes : « 10h-12h » pour Mamadou, deux fois
plus toutefois que Kenny qui assume tout à fait son « 11h-12h ».
Il y a les matinaux : « 6h-12h », « 9h-12h » ou encore « 10h-14h »
et enfin les ‘toutelajournéïstes’ : « 8h-16h »,
« 8h-15h », « 10h-17h », « 10h-16h30 ». Notons que pour Mike il s’agirait d’un
« 10h-13h », pour Fiona d’un « 10h-13h » et pour Mélissa
d’un « 10h-16h30 ».
Nous avons également
posé la question aux trois enseignantes présentes. Pour Mme Saintipoly,
l’enseignante hôte en charge des NSA, le bon tempo serait « 9h-12h /
14h-16h ». Mme Azzopardi, également membre de l’équipe éducative de la
classe, avance un « 10h-15 ou 16h », tandis que Mme Turini,
coordinatrice du Réseau d’Education Prioritaire, propose un
« 9h-15h ».
Et Mme Azzopardi d’expliquer qu’il est préférable de
commencer plus tard le matin et de finir plus tôt le soir, car elle estime que
les dernières heures des actuels rythmes scolaires ne sont pas productives, les
élèves ne tenant plus la distance.
Ce que les élèves du
groupe RPM retiennent :
Au sortir de la rencontre et même plus tard à tête reposée,
Mike, Fiona, Mélissa, Kenny et Dumy retiennent les points suivants :
- Les ambitions des élèves de NSA bien qu’ils accusent un grand retard et ne maîtrisent pas la langue.
- Le fait que les profs frappent les élèves dans leurs pays d’origine.
- Les jusque 100 élèves par classe.
- Que comme eux certains n’aiment pas l’école.
- Qu’ils se lèvent tous très tôt pour venir à l’école.
Lire aussi l'article : "Les Non Scolarisés Antérieurement ont du mal à comprendre le décrochage", Mme Saintipoly.
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