Kenny

Kenny est en classe de 3^e. Très avenant et souriant, il aimerait devenir footballeur. L'école est pour lui un monde lointain dont il ne voit plus le sens et qui lui paraît trop éloigné de ses désirs et aspirations. Celui qui rêvait jadis de devenir avocat estime aujourd'hui qu'il n'est plus en mesure de raccrocher.  

Autoportrait :

"C'est en 6e que j'ai commencé à faire des bêtises. Je me sentais grand"

Kenny s'ouvre ici à nous et avoue avec pudeur avoir parfois honte de la façon dont il peut être considéré et des répercussions de son comportement vis à vis de sa famille. Inquiet pour son avenir, il dit essayer de travailler mais ne pas y arriver. Problème de concentration. Pour lui, il n'est plus en mesure de redresser la barre.

Son interview de M. Bascou, professeur d'éducation physique :


Partie 1 :

« Le décrocheur voit l’école comme une contrainte pas comme un moyen »

M. Bascou explique les valeurs pédagogiques et éducatives du sport et comment la notion de progrès est fondamentale dans la notation de la discipline. Pour lui le décrochage scolaire c'est quand l’élève a perdu de vue le but de l’école et la considère plus comme une contrainte qu’un moyen.

Partie 2 :

« Le paradis tu te le construis »

M. Bascou revient ici sur sa vocation d’enseignant et pourquoi il a toujours voulu rester à Pierrefitte. Ses meilleurs souvenirs sont liés à la réussite des élèves. Quand ils deviennent autonomes. Ses pires moments sont ceux où il y a de l’incompréhension et de l’agressivité. Une situation dont tout le monde sort perdant. S’il a beaucoup voyagé de part le monde, il en est arrivé à la conclusion qu’on construit son propre paradis. Où que l’on soit.

Le bilan de Kenny : 

« Les barrières sont dans nos têtes »

En arrivant dans le programme Raccrocher Par les Médias je ne m’attendais pas à grand chose. Là je retiens que rien n’est perdu pour nous, même si on est en décrochage scolaire.

Je retiens notamment la phrase de Saadia (Diawara, le producteur du film La Cité Rose) qui nous disait « que les barrières sont dans nos têtes ».

Moi j'aimerais devenir footballeur. Au départ, Saadia, qui lui aussi voulait devenir footballeur et a même fait un sport étude, m’a un peu découragé parce qu’il n’a pas réussi.

Après j’ai compris, tout comme me l’avait expliqué M. Bascou en interview, qu’il me fallait dans tous les cas travailler, m’entraîner dur pour me donner les meilleures chances d’atteindre mon objectif.

J’ai même pris conscience que j’avais des capacités mais que j’étais bête de ne pas les développer et les exploiter. A tel point que j’ai décidé de faire les détections au Red Star (équipe de football locale évoluant en 3^e division).

C’est le travail qui me manque. Par rapport à l’école je n’arrive pas à raccrocher. Très honnêtement je pense que ça ne changera jamais. Je suis comme ça depuis tout petit et ça n’est pas maintenant que ça va changer.

Cela dit quand je vois certains élèves des Non Scolarisés Antérieurement, qui veulent travailler à l’école, je me dis qu’ils peuvent réussir, qu’ils vont réussir, parce qu’ils ont une ambition, un but lié à l’école.

Moi ça me casse le moral de parler d’école. J’ai peur de ne pas avoir d’affectation l’année prochaine. Cela dit, si je n’ai pas d’affectation ça sera ma faute j’en suis conscient. Si je n’ai pas d’affectation, je ne sais pas ce que je vais faire…

Je n’ai pas confiance dans les adultes (du collège). Est ce que eux me font confiance ? J’ai malheureusement une image qui me colle à la peau. Je ne sais pas ce qui pourrait me faire avancer, mais en tout cas ça n’est pas les gens du collège qui me l’apporteront.

RPM n’a pas vraiment changé ma vision des enseignants. Bon je ne les mets plus tous dans le même panier et je ne savais pas qu’ils vivaient mal le fait de ne pas réussir à nous transmettre des choses.

Mais pour moi les profs sont là pour faire leur travail et basta. Un travail qui leur tient plus ou moins à cœur.

Le programme RPM m’a bien plu. J’ai aimé le travail d’interview. On leur posait de vraies questions. Conduire les interviews donne un sentiment de pouvoir et de force, parce que pour la première fois le jeu était entre nos mains.

Des réponses des enseignants je retiens notamment qu’ils n’étaient pas au top ou sages comme des images quand ils étaient à l'école, comme je pouvais le penser avant. C’étaient finalement des élèves plutôt normaux.

Dans tout le travail de préparation j’ai appris qu’en ayant une bonne posture on renvoyait une bonne image de notre personne. Et ça c’est sûr que ça me servira désormais.

J’ai bien aimé la rencontre avec le directeur de la communication de Manpower. Il a su nous parler ouvertement. Je croyais qu’il allait commencer à nous faire la morale, mais il nous a confié qu’il était lui aussi confronté, avec son fils, au problème du décrochage scolaire. Il semblait content de parler avec nous, peut être que ça l’a aussi aidé à mieux comprendre certaines choses.

Il a donné de très bons conseils à Mike par rapport à réalisation de projets. Même si ça ne m’était pas directement adressé j’ai fait des parallèles avec moi. Tout part d’une idée qu’il faut ensuite concrétiser. Il y a des étapes que l’on ne peut faire que tout seul. Ça fait un peu réfléchir. 

Epilogue...

Kenny a annoncé lors de la restitution finale du projet être parvenu à être sélectionné par le RedStar, grand club de foot local.

Il a lui-même pris l'initiative d'aller à leur rencontre. Et cette démarche aura porté ses fruits : la première sélection a été effectuée avec succès. Il ne lui reste plus qu'à passer, prochainement, un second test qui sera décisif.