Mélissa

Mélissa est en classe de 3e. La pétillante membre du Conseil Municipal de la Jeunesse a glissé vers le décrochage en fin de 4e. Un décrochage sournois qui a mis en péril ses rêves ébréchés de devenir avocate. Très spontanée et faisant montre d'une bonne présence devant ses interlocuteurs, elle avait déjà, estime-t-elle, entamé le son processus de raccrochage en entrant dans le programme.

Autoportrait :

"Le décrochage est venu tout seul"

Mélissa n'a pas vu venir son décrochage scolaire. Estimant qu'elle avait le temps de redresser la barre, elle commence à réaliser qu'il est peut être trop tard. Elle qui voudrait devenir avocate déclare avoir déjà commencé à raccrocher. Membre du Conseil Municipal de la Jeunesse de Pierrefitte, elle pointe la passivité dont les élèves doivent faire preuve en cours.

Son interview de Camille, assistante d'éducation au collège :


Assistance d'éducation au collège (surveillante), Camille partage ici sa définition du décrochage scolaire. Pour elle il est "subi par les élèves", car même si ils sont acteurs de leur décrochage ils n'ont pas conscience d'être décrocheur, ce sont les autres qui leur font remarquer. Manque de confiance en soi, défiance directe envers les adultes, perception de l'école, elle a consacré son mémoire universitaire sur le sujet. Elle estime qu'il faudrait donner envie aux jeunes d'aller à l'école.

Echanges en off avec Camille :

Encore une fois le off, que nous avons cette fois-ci filmé, s'avère extrêmement riche. Échanges de points de vue et d'analyses entre Camille et le groupe, sur la violence et la laïcité, notamment. Un dialogue ouvert où certains arguments, de part et d'autre ont pu être entendus.
 




Son interview avec Mme Busteau, juriste à Manpower :

Mélissa voudrait devenir avocate. Raison pour laquelle elle a tout naturellement souhaité rencontrer une juriste afin qu'elle lui explique son parcours et certaines nuances professionnelles.





Le bilan de Mélissa :

« Je me suis remise à y croire »

"Avant Raccrocher Par les Médias (RPM) j’avais déjà commencé à raccrocher. Notamment par rapport à la perspective du 3^e trimestre. Mais ça m’a apporté un élan supplémentaire.

Ça m’a fait prendre conscience de ma propre situation de décrochage. Avant je ne me voyais pas véritablement décrocher. Je pensais que les élèves décrocheurs étaient uniquement les élèves perturbateurs. Or avec les autres membres du groupe j’ai compris qu’il y avait différentes formes de décrochage dont la mienne.

J’ai bien aimé le programme, parce qu’on était à l’école sans être à l’école. J’ai bien aimé aussi la sortie (sur Paris et au siège de Manpower) que nous avons faite tous ensemble. En ce qui me concerne, de toutes les rencontres et interviews que nous avons faites c’est la juriste de Manpower (Mme Busteau, ndlr) qui m’a le plus marquée. Parce que c’était en lien avec ce que je voudrais faire plus tard, c’est à dire avocate.

Je l’ai trouvée très gentille et bienveillante. Elle m’a apporté son soutien et m’a proposé de rester en contact avec elle. Je vais même pouvoir assister à des audiences...

J’avais un peu baissé les bras par rapport à ça, là je me suis remise à y croire. Je
 n’en suis pas encore au stade de l’ambition. J’ai retrouvé mon rêve.  Au début j’étais sûre de vouloir faire avocate, mais ma prof principale m’en a dissuadée. Et on m’a donné un avis défavorable pour une filière générale. Alors j’ai pensé à m’orienter vers un bac pro le Bac pro «  Accompagnement, Soins et Services à la Personne ». Mais j’ai persisté et demandé quand même une générale et je me dis que j’ai bien fait.

Par rapport aux interviews, j’ai bien aimé celle de M. Ouelha (le CPE). Ça se voit qu’il aime son travail et les jeunes. En ce qui concerne les profs, je ne savais pas qu’ils pouvaient se remettre en question. Ça a changé la façon dont je les vois aujourd’hui. Avant je m’en fichais et je me disais qu’ils n’avaient pas qu’à faire ce métier. Là je réalise qu’ils sont là pour nous aider.

Avec la classe des Non Scolarisés Antérieurement je me suis rendu compte qu’on avait de la chance en France. Ma mère m’avait déjà expliqué comment ça se passait au pays (République Démocratique du Congo) mais on n’y pense pas, on oublie, ça semble loin. Là bas ils se font frapper…

J’ai été étonnée par les rêves de certains élèves. Ils en ont de grands, même s’ils ont un gros retard. Personnellement je n’aurais jamais pensé que des NSA puissent penser à devenir docteur par exemple.

J’ai quelques regrets concernant cette année scolaire. Je pensais que j’avais toute la vie devant moi. Je me disais que j’avais le temps. J’aurai pu travailler. C’est plus dur maintenant de raccrocher.

En tout cas ça a bougé dans ma tête et dans mes actes. Je m’attends même aux encouragements. Je participe plus en cours, j’écoute plus, je réponds moins aux profs. J’ai même acheté de nouveaux cahiers. Je dirais que c’est grâce à RPM à 78%. "



Épilogue...

A l'issue du conseil de classe du troisième trimestre, Mélissa a réussi à obtenir son passage dans un lycée général.

Son projet est bien clair dans sa tête et elle voit désormais à long terme.

Elle est par ailleurs bien décidée à rester en contact avec Madame Busteau, la juriste de Manpower qu'elle a pu interviewer.

"Je vais essayer d'aller voir des audiences comme me l'a conseillé Madame Busteau. Je pense que ça peut être très intéressant et ça va me permettre de voir comment ça se passe là-bas. Et peut-être me motiver encore plus!", analyse-t-elle avec entrain.